Au quotidien, nous devenons souvent, sans le savoir, des origamistes; en effet, lorsque nous plions une feuille de papier avant de la glisser dans son enveloppe, ou lorsque que l’on transforme son ticket de bus en accordéon, nous utilisons en fait les rudiments de l’Origami, cet art traditionnel japonais consacré au pliage du papier.
En japonais, oru signifie « plier », et kami signifie « papier ». Le mot origami est connu dans le monde entier, et sa notoriété en fait un mot d’usage courant, Origami est même devenu synonyme de jeu récréatif qui permet de créer des fleurs, des animaux, des oiseaux, ou des objets, à partir d’un simple morceau de papier.
La règle de base de l’origami japonais est d’éviter l’utilisation des ciseaux et de la colle, d’ou l’utilisation, en général, de petits formats de papier. Mais l’Origami n’est pas uniquement un jeu récréatif, et si depuis plus de 400 ans, les mères de famille japonaises apprennent à leurs enfants ces pliages de papier, c’est qu’elles considèrent l’origami comme un des éléments importants de la tradition artistique japonaise.
Introduit en Europe, par l’allemand Friedrich Frobel, l’Origami japonais était considéré comme une activité enrichissante qui développait la créativité, la rigueur et la précision du geste. La dimension ludique de l’origami a permis sa diffusion rapide, et son adoption par de nombreuses personnes, à titre d’exemple, Lewis Carroll, le célèbre auteur d’Alice au pays des Merveilles, émerveillait les enfants par son habileté au pliage de papier, qui était devenu l’un de ses passe-temps favori.
Le papier est, bien sûr, la matière première de l’Origami et son choix est important pour la réussite des pliages. Il existe le papier traditionnel d’Origami japonais, le washi, mais on peut utiliser n’importe quel papier, du moment qu’il soit assez solide pour conserver la forme des plis effectués. Une des règles de base en Origami est d’avoir un papier parfaitement carré et de disposer d’une surface de travail parfaitement lisse.
Mais tout commença avec l’invention du papier, lorsqu’en l’an 538, un prêtre bouddhiste venu de chine a introduit au Japon la méthode de fabrication du papier avec du bois. A l’origine, le papier était donc un bien précieux, c’est-à-dire très coûteux, ce qui explique que l’Origami ne se soit pas ouvert immédiatement au grand public. Réservé au cérémonies,ou rituels, l’origami était soumis à des règles de pliage très rigoureuses que l’on ne pouvait les apprendre qu’auprès maître.
L’Origami de cérémonie servait à décorer les cruches de saké, ainsi dans les cérémonies religieuses, une feuille de papier plissée était placée autour du goulot des récipients de saké et servait de bouchon d’apparat, appelé mizuhiki. Pour les cérémonies de mariages, l’Origami avait une fonction symbolique, ainsi deux papillons de papier, le mâle ocho et la femelle mecho, que l’on fixait avec un ruban autour du goulot de deux cruches de saké représentaient les époux. Plus tard, on décrochait les deux papillons et on les posait l’un sur l’autre, on mélangeait le contenu des deux cruches et ainsi l’union était reconnue sacrée.
ll existe aussi, à côté des cérémonies, d’ailleurs encore pratiqués dans le Japon d’aujourd’hui, une forme traditionnelle du pliage japonais qui s’appelle le noshi. Le noshi est un cornet de papier qui entoure une bande de papier jaune, et que les commerçants japonais fixent comme décoration sur les paquets cadeaux. A l’origine, noshi est une abréviation pour noshi-awabi, qui veut dire oreille de mer, et qui est un mollusque japonais que les marins emportaient, séchée, comme provisions.
Vers le XII ème siècle, le noshi séché est devenu une sorte de coutume, un cadeau que l’on rapportait d’un voyage pour un ami, un symbole d’amitié.
Aujourd’hui, la valeur sentimentale est devenu le symbolisme majeur du noshi, l’intérieur du coquillage étant symbolisé par la bande de papier jaune, et la coquille par le cornet. Ainsi lors de la fête japonaise des poupées, on offre aux jeunes filles un rameau de pêcher en fleur, accompagné d’un noshi.
Au Japon, il existe aussi le pliage du tissu qui est également une tradition. Chacune des parties d’un kimono, que ce soit les sous-vêtements, le manteau extérieur, la large ceinture ou la jupe plissée hakama, étaient faits de lignes et d’angles droits de façon à être pliés plus facilement. Cette tâche étant extrêmement minutieuse, on la réservait aux épouses qui, ayant reçu l’apprentissage de l’Origami, y parvenaient plus facilement.
Néanmoins, pour des raisons simples et pratiques, le pliage du papier s’est répandu plus facilement, il se plie mieux, plus vite, et on peut former un volume solide.
Selon la tradition, il existe trois figures qui sont les plus représentatives de l’Origami japonais.
La Grue : Symbole de longue vie et de bonne santé, la grue est une figure fondamentale dans l’Origami, les traditions japonaises prétendant que la grue vit un millier d’années, il a vite été imaginé que sa représentation en papier serait un parfait voeu, ou message de longue vie.
Offrir un origami à mille grues signifiait le souhait de mille fois vivre mille ans en bonne santé selon la tradition.
La grenouille : Le pliage de la grenouille est intéressant car, contrairement aux pliages d’autres animaux, il n’est pas plat. La grenouille nécessite donc un pliage spatial, mais elle connaît une forme d’impopularité, par rapport à la grue, car en japonais le mot kaeru signifie à la fois « grenouille » et « rentrer à la maison », ainsi les commerçants et les restaurants japonais, qui veulent plutôt faire rester la clientèle, sont réticents à exposer des pliages de grenouilles, qui pourraient pousser leurs clients de rentrer chez eux.
Le crabe : Lui aussi est une construction dans l’espace, ce pliage est réputé au japon pour sa difficulté et sa richesse.